Alimentation pendant un cancer : quelle nutrition adopter ? Les polyamines : qu’est-ce que c’est ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 27/12/2017

femme épluchant une pomme à table

Un cancer… le mot est prononcé et la vie bascule, s’organise autour de cette maladie redoutée. Pour la gestion de la vie quotidienne des personnes atteintes d’un cancer se pose très rapidement la question de l’alimentation. En effet, au cours d’un cancer l’équilibre alimentaire va se trouver perturbé : fatigue, perte d’appétit, vomissements, aversions, changement du gout et d’odorat sont autant de symptômes qui peuvent ou non apparaitre. Alors quelle alimentation adopter dans cette situation ? Pour le patient comme pour ses proches il n’est pas toujours facile de savoir quoi manger ? Une des pistes de l’alimentation recommandée dans le cadre d’un cancer propose de limiter la consommation de polyamines. Que sont ces polyamines ? Quels sont leurs effets ? Comment moins en consommer ?

Alimentation et cancer : comment s'alimenter pendant les traitements ?

C’est dit et écrit partout et le consensus est non discutable : un mode de vie sain et une alimentation équilibrée peut contribuer à la prévention de divers types de cancers. Cependant l’aspect alimentation et accompagnement alimentaire pendant la maladie est encore assez négligé.

En effet, l’alimentation n’est pas considérée comme un traitement à part entière et ne contribuerait pas directement à la guérison. Ceci n’est pas tout à fait vrai puisque qu’il semble bien que l’alimentation soit une part entière et active dans le soutien et l'accompagnement du cancer.

A cause de la maladie il est souvent difficile de continuer à s’alimenter normalement. Boire suffisamment d’eau (1 à 1,5 litres d’eau par jour), manger chaque jour un certain nombre de portions de légumes, fruits, féculents, protéines, sont des éléments importants à intégrer à l’alimentation habituelle mais ils ne doivent pas être suivis avec contrainte par le patient. L’objectif étant de maintenir un bon état nutritionnel pour lutter contre la maladie et augmenter les chances des traitements tout en gardant le plaisir de manger.

Le maintien de cet équilibre nutritionnel passe par un apport suffisant en calories car une détérioration de l’état nutritionnel peut rapidement amener à une perte de poids.

Le patient peut alors spontanément se tourner vers la prise de compléments alimentaires. En effet des études montrent que jusqu’à 80% des personnes touchées par un cancer utilisent des compléments alimentaires. Leurs attentes portant sur un accroissement des chances de guérison, une réduction des effets secondaires causés par les traitements et une meilleure qualité de vie. Mais alors ATTENTION ! Car les compléments alimentaires n’ont pas que des bons côtés et ils peuvent entrainer des effets secondaires dont le plus préoccupant est la réduction de l’efficacité des traitements et la progression des cellules tumorales redynamisées par ces compléments. Le fait que ces compléments soit à base de produits naturels (plantes, phytothérapie, aromathérapie, gemmothérapie etc..) ne diminue en aucun cas le danger et chaque prise de complément alimentaire doit être vue au préalable avec le médecin traitant, l’oncologue ou le pharmacien.

Cependant la piste des polyamines dans l’alimentation est une découverte passionnante dans les nouvelles approches du cancer et de la place de l’alimentation chez le patient cancéreux. Des programmes nutritionnels à faible teneur en polyamines montrent des résultats très prometteurs dans la prise en charge du cancer. Mais que sont ces polyamines ?

Polyamines : qu’est-ce que c’est ?

Les polyamines sont de petites molécules présentes dans toutes les cellules de l’organisme humain et même dans toutes les cellules animales et végétales. Elles portent des noms très particuliers comme la putrescine, la cadavérine, la spermidine, la spermine et l’agmatine. Elles proviennent de l’alimentation et sont synthétisées également par l'organisme et la flore intestinale présente dans le tube digestif. Elles sont utiles dans notre organisme pour le fonctionnement du système nerveux central, pour la croissance cellulaire et le renouvellement cellulaire. En effet, en cas de pathologie cancéreuse, ces polyamines se fixeraient sur l’ADN des cellules cancéreuses et réamorceraient alors de manière infinie les divisions cellulaires ce qui favoriserait la prolifération tumorale. Elles agiraient également sur la douleur en la majorant quand elles sont en quantités importantes. De là est née l’idée de proposer des régimes pauvres en polyamines afin de prévenir et de réduire les douleurs importantes, chroniques récidivantes et invalidantes et d’en faire un accompagnement efficace de la pathologie cancéreuse. Cette conclusion fait suite à de très nombreux travaux mais malgré plus de 80 000 publications scientifiques et 200 brevets, le sujet passionne toujours autant les équipes, qui malgré un certain consensus sur les bénéfices d’une privation en polyamines, restent partagées sur l’action de ces petites molécules.

Polyamines alimentaires : comment moins en consommer ?

Alors comment moins consommer de polyamines dans le cadre d’une alimentation équilibrée ? Ces polyamines sont présentes dans de nombreux groupes alimentaires, aussi pour en maitriser l’apport il est nécessaire de se faire aider (des listes d’aliments existent) et surtout d’être suivi par son médecin oncologue pour gérer une alimentation pauvre en polyamines.

Ainsi tout en contrôlant l’absorption des polyamines alimentaires, des boissons et crèmes à très faible teneur en polyamines et commercialisées par le Laboratoire EffiNov Nutrition ont été formulées pour répondre aux besoins nutritionnels spécifiques des patients dénutris en oncologie et des patients dénutris douloureux chroniques.

Deux gammes existent en fonction de la prise en charge du patient sujet aux douleurs chroniques (Polydol®) ou du patient suivi en oncologie pour une pathologie cancéreuse (Castase®). Ces produits se présentent sous la forme texture liquide à déguster selon les gouts et les arômes; frais, à température ambiante ou tiédis, seuls ou en association avec des aliments. De nombreux aromes sucrés existent avec un volume parfaitement adapté pour éviter l’apparition d’une lassitude ou d’un écœurement. C’est une réponse adaptée pour couvrir les besoins nutritionnels d’un patient atteint d’un cancer tout en limitant l’apport des polyamines alimentaires. Cela permet d’augmenter la qualité de vie des patients par un complément de leur alimentation quotidienne et de les accompagner dans leurs traitements contre le cancer.
Ces produits doivent être prescrits par un médecin oncologue selon 3 niveaux : Castase® intensif, standard ou de maintien. Ces produits sont pris en charge intégralement par l’assurance maladie dans le cadre d’une affection longue durée. Toute prescription est obligatoirement accompagnée d’une aide aux choix des aliments :

  • Liste et guide des aliments pauvres en polyamines avec un système très simple de code couleur (vert-orange-rouge) pour identifier rapidement les aliments et leur teneur en polyamines, 

  • De nombreux exemples de petit déjeuner, déjeuner, collation et diner pauvres en polyamines.

Alors, dans le cadre de la prise en charge globale de l’alimentation au cours d’un cancer il convient de respecter un certain nombre de règles ! Jamais de compléments alimentaires, suppléments vitaminiques et autres fortifiants (même à base de plantes…) sans l’avis de son médecin ou de son pharmacien. En effet, certains composants, nutriments, vitamines et minéraux peuvent être déconseillés dans la prise en charge alimentaire de certains cancers, c’est le cas de ces polyamines dont l’action sur la douleur et la multiplication cellulaire a été montrée.

N’oubliez pas que le mois d’octobre sous le nom "Octobre rose" est le mois pour sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein puisqu’il est le cancer le plus fréquent chez les femmes, alors homme ou femme confronté(e) à la maladie, parlez-en à votre médecin oncologue en toute liberté et n’hésitez jamais à demander conseil aux professionnels de santé concernés