Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age : comment soigner la DMLA et la fatigue oculaire ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 29/02/2016

gros plan sur un œil bleu

Instrument de grande précision, l’œil est un organe complexe et fragile et nos yeux sont effectivement des organes essentiels et ultrasophistiqués, comment les préserver ? Il est vrai que nos yeux sont exposés à de nombreux facteurs susceptibles de les agresser : les rayons UV, le tabac, la pollution peuvent les faire vieillir prématurément et favoriser la survenue de pathologies oculaires comme la cataracte, le glaucome ou encore la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou DMLA. Bien manger pour mieux voir ? Oui ! Mais en plus de l’alimentation adaptée, de nombreux compléments alimentaires disponibles en pharmacie existent pour améliorer la vision et protéger d’une fatigue et d’un vieillissement précoces. Lesquels choisir ? Suivez les conseils de votre pharmacien !


Fatigue oculaire : causes et symptômes

La fatigue oculaire peut apparaitre dans de nombreuses circonstances. La plus fréquente étant l’exposition prolongée, quotidienne à un écran d’ordinateur ce qui est de plus en plus incontournable dans notre société moderne, aussi bien au travail que dans de nombreux loisirs. La lecture de documents mal imprimés, une longue période de conduite d’un véhicule, un écran d’ordinateur, la luminosité du soleil, pollution, pollen… : les yeux subissent ainsi de plein fouet de multiples agressions. Mais la fatigue oculaire peut être aussi due à des causes directement liées à l’œil et notamment :

  • L’hypermétropie ou l’astigmatisme non corrigés
  • Un déséquilibre binoculaire, comme le strabisme
  • Des maladies de l’œil, comme des inflammations, une cataracte ou encore la dégénérescence maculaire liée à l’âge : la DMLA.

 

Ainsi la fatigue visuelle est reconnaissable par différents symptômes pouvant y être associés :

  • Une baisse d’acuité visuelle,
  • Une baisse de sensibilité aux contrastes
  • Une sensation d’éblouissement
  • Une altération du champ visuel
  • Une diplopie, ou la sensation de voir double.

 

Au niveau clinique cela peut se manifester par :

  • L’œil qui pique, s’irrite, devient sec souvent la conséquence d’une sécrétion de larmes insuffisante.
  • L’œil rouge.
  • L’œil sec: pour cela il faut se forcer à cligner les yeux pour humidifier la cornée en déposant un film lacrymal.
  • Des maux de tête.

 

Bien sur les traitements de la fatigue oculaire diffèrent en fonction du ou des facteurs à l’origine de la fatigue des yeux et notamment il s’agira de trouver une correction optique adaptée, pratiquer une rééducation visuelle (orthoptie), se protéger les yeux et pour les travailleurs sur ordinateurs, d’utiliser des filtres anti reflets, des stores ou des rideaux afin que la lumière n’arrive pas directement sur l’écran. Enfin pour tout gêne persistante ou soudaine et s’aggravant avec des maux de tête, il conviendra de consulter rapidement son médecin ou de demander conseil à votre pharmacien.

DMLA : qu’est-ce c’est ?

La DMLA est due à un vieillissement trop rapide de la macula (partie centrale de la rétine qui mesure environ 2mm) et qui gère 90% des informations visuelles. Elle concerne près de un million de personnes en France et c’est la première cause de mal voyance dans les pays industrialisés. Elle débute en général après 50 ans et touche une personne sur deux après 80 ans. Cette maladie entraine la perte de la vision centrale sur un œil mais rarement sur les deux en même temps et généralement la DMLA ne conduit pas à une cécité totale. Cette pathologie entraine des roubles de la lecture, de la vision colorée et du champ visuel central.

Il existe deux formes de DMLA : la forme sèche qui est la plus fréquente et la forme humide plus rare mais qui évolue plus brutalement. C’est le stress oxydatif qui est le mécanisme principal des altérations de la rétine entrainant la DMLA et certains facteurs peuvent augmenter ce stress comme l’âge (après 50 ans), une prédisposition familiale, le sexe (les femmes sont plus touchées que les hommes), le tabagisme, une alimentation déséquilibrée avec de faibles apports en antioxydants et en zinc et enfin certains médicaments comme les bétabloquants ont été impliqués dans une survenue plus fréquente de DMLA. Le dépistage peut se faire par l’utilisation de la Grille d’Amsler (en regardant avec un seul œil et donc en cachant le deuxième) sur laquelle les lignes droites peuvent apparaitre gondolées ou déformées comme l’exemple ci-dessous :

Le diagnostic se fait obligatoirement par un ophtalmologue à l’aide d’un fond d’œil et d’examens ophtalmologiques complémentaires.

Sans prise en charge, la DMLA peut devenir invalidante car même si on ne devient pas complètement aveugle parce que la vision périphérique reste en partie conservée, la perte progressive de la vision peut entrainer des difficultés pour lire, reconnaitre des visages ou voir de loin.

DMLA : comment prévenir ?

Certaines précautions en termes d’hygiène de vie et d’alimentation peuvent être appliquées pour ralentir l’évolution de la DMLA. Il s’agit de :    

  • Contrôler régulièrement les facteurs de risques cardiovasculaires comme la tension artérielle, le dosage du cholestérol et la glycémie.
  • Arrêter le tabac car la fumée du tabac est incriminée dans la DMLA. De plus, une seule cigarette par jour consomme l’apport normal en vitamine C.
  • Lutter contre le surpoids et l’obésité et de pratiquer ainsi une vie active avec 30 minutes de marche tous les jours ou 2 fois 45 minutes d’activités par semaine.
  • Porter des lunettes de soleil et une casquette à visière car la lumière bleue joue un rôle important de facteur de risque.

 

Enfin il semblerait que ce soit surtout l’alimentation et les compléments alimentaires qui soient à la base de la prévention et du traitement notamment pour la forme sèche de DMLA. C’est une alimentation variée riche en légumes verts, en fruits frais et poissons qui permet de retarder l’apparition de la maladie et notamment :

  • Les pigments trouvés dans les épinards, les choux frisés, les légumes verts, la laitue, les brocolis, les petits pois, le maïs et le jeune d’œufs.
  • Les apports en oméga car le rôle protecteur des oméga-3 de poisson, en particulier le DHA (l’acide docosahexaénoique) utilisé à des doses de 110 à 140 mg/jour est bien établi. En effet les autorités de santé préconisent une consommation de 500mg/jour en DHA qui est le principal oméga 3 en cas de DMLA. Ils sont retrouvés principalement dans les poissons gras (saumon, maquereau, hareng), germe de blé, soja, noix
  • Les micronutriments antioxydants : vitamines E (400 UI/j), vitamine C (500mg/j), Beta carotène ou caroténoïdes (15 mg), sélénium, oxyde de zinc (80 mg) et du cuivre car il est alors moins bien absorbé du fait de la supplémentation en zinc et ce  sont les coenzymes facilitant les réactions antioxydants. Les caroténoïdes sont présents dans certains fruits et légumes ( choux verts, les courgettes, les carottes, le kiwi, les oranges, les mangues, les courges…) alors que le zinc se trouve préférentiellement au niveau des huitres, germes de blé, foie, viandes, crustacés et les graines de sésame.
  • La lutéine et la zéaxanthine à raison de 6 à 10 mg par jour. Ce sont des caroténoïdes appelés xanthophylles qui ne sont pas fabriqués par l’organisme et qui sont apportés par des légumes verts comme les épinards, le chou, les fruits rouges et jaunes et surtout les baies (myrtille, framboise, mûres…). Ces molécules se concentrent au niveau de la macula et jouent un rôle contre la photo toxicité.

 

Les compléments alimentaires vision pouvant être indiqués en cas de DLMA : 

 

 

           

 

 

                                                 

Les précautions d’emploi :

Attention aux fumeurs ou aux personnes qui ont arrêté de fumer depuis moins de 1 an, la dose de 20 mg maximum (aliments compris) ne dit pas être dépassée à cause d’une augmentation du risque de cancer du poumon et colorectal.

Enfin, la prise de doses de zinc supérieures à 40 mg par jour expose les hommes à une hypertrophie de la prostate et à une baisse des fonctions immunitaires. Cette supplémentation doit se faire impérativement sous contrôle médical.

Les protecteurs vasculaires :

Sur prescription médicale le Vastarel® (trimétazidine) permettrait de diminuer la fréquence de la DMLA dans sa forme sèche.

Quand consulter ?

En cas de signe d’aggravation de la DMLA (examen ophtalmologique tous les 6 mois), ou en cas d’atteinte du 2ème œil. Dans ce cas, ne pas attendre le prochain RDV pour consulter.

En cas de signes oculaires : rougeur oculaire, douleur anormale, il s’agira de consulter rapidement votre ophtalmologue.

DMLA : comment traiter ?

Dans la forme sèche, aucun traitement médicamenteux ou chirurgical n’est efficace et c’est uniquement le ralentissement de l’évolution qui est préconisée par l’usage de compléments alimentaires et par des protecteurs vasculaires.

C’est dans la forme humide ou néovasculaire de la DMLA qu’il existe 3 types de traitements médicamenteux :

  • Traitement laser : photo coagulation laser pour détruire les néovaisseaux responsables de la DMLA par élévation thermique localisée.
  • Photothérapie dynamique : elle consiste également à détruire les néovaisseaux mais après perfusion d’une molécule photosensibilisante, qui, activée ensuite par un laser, permet la destruction ciblée et la thrombose de ces néovaisseaux responsables de la DMLA forme humide.
  • Angiogéniques : ce sont des médicaments destinés au blocage d’un facteur, le VEGF, pour empêcher la prolifération des vaisseaux dans la forme humide de la DMLA. Ce sont tous les médicaments d’exception : Macugen®, Lucentis®, Avastin®, Eylea® réservés aux ophtalmologistes car ils sont administrés après anesthésie locale en injection intra vitréenne mais qui est totalement indolore. Généralement un traitement antibiotique par voie générale est prescrit en association ainsi qu’un collyre antibactérien.

 

Alors puisque nos yeux sont précieux et que, comme tous nos organes, ils fatiguent et vieillissent, prenez en soin très tôt. Le premier geste très simple est de les protéger du soleil avec des lunettes solaires d’indice suffisant et soignez surtout le contenu de votre assiette, car manger bien pour mieux voir : oui c’est possible !

Enfin, pour la prise de compléments alimentaires dédiés à la vision, prenez avant l’avis de votre médecin ou demander conseil à votre pharmacien.