Mycoses vaginales : comment les traiter ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 15/09/2017

Femme souffrant de mycoses vaginales

Les infections vaginales que l’on appelle généralement mycoses, sont extrêmement fréquentes puisque 3 femmes sur 4 vont en souffrir au moins une fois dans leur vie. La douleur et la sensation de brûlures sont telles qu'elles obligent le plus souvent à consulter en urgence un médecin. Mais par gêne, les femmes n’abordent pas le sujet et sont souvent mal informées sur les mycoses vaginales et leurs causes. Votre pharmacien conseil est là pour vous présenter un certain nombre de traitements et de règles hygiéno-diététiques à respecter pour éviter leur apparition et surtout leurs récidives.


Mycoses vaginales : quels sont les traitements ?

Une mycose vaginale est toujours désagréable et l’intensité de la douleur et la gêne immédiate imposent un soulagement rapide. Il est important de commencer le traitement le plus tôt possible. En effet, il est fort peu probable que l’infection disparaisse toute seule sans traitement.

Les femmes reconnaissant les symptômes et ayant déjà consulté un médecin à ce sujet peuvent se procurer des médicaments en vente libre dans les pharmacies pour le traitement local. Cependant, il est recommandé aux femmes enceintes, ayant moins de 18 ans ou  qui souffrent d’une mycose vaginale plus de quatre fois par an, de consulter leur médecin.

Il en va de même que si des symptômes atypiques, tels que fièvre, douleurs, saignements, sécrétions nauséabondes, cloques ou verrues, apparaissent, il est indispensable de consulter un médecin.

Quand la mycose vaginale est là, que les symptômes sont bien identifiés (demandez conseil si besoin à votre pharmacien), il existe alors globalement deux moyens de traiter une mycose vaginale.

  •  Le premier traitement consiste en une prise de gélules, capsules ou encore de comprimés à avaler oralement.

  • En effet, avec cette voie orale, le médicament antifongique (anti-champignon) passe dans la circulation sanguine et atteint alors les zones cibles sur les muqueuses  où il détruit les champignons. Ce traitement est disponible uniquement sur ordonnance et nécessite donc la consultation de votre médecin traitant. Celui-ci pourra également réaliser un prélèvement vaginal sur un écouvillon (sorte de grand coton-tige stérile) qui sera analysé au laboratoire pour déterminer quel est le micro-organisme incriminé et déterminer aussi  le traitement le plus efficace pour l’éradiquer ou tout du moins le réguler à sa quantité normale.

  •  Le deuxième traitement disponible est beaucoup plus simple et en cas de mycose simple, unique et bien identifiée, un seul traitement local conseillé par le pharmacien est possible et est généralement suffisant. Ce traitement consiste à utiliser des ovules vaginaux qui sont à introduire dans le vagin (de préférence le soir) et ce, y compris durant les règles. Ces traitements sont de très courtes durées puisque il y a des ovules dites monodose c’est à dire un seule ovule mais à action sur 3 jours. Il existe également des traitements de courte durée (3 jours, avec un ovule à mettre tous les soirs pendant 3 soirs), qui sont également très efficaces. Le pharmacien peut vous proposer en complément (et c’est fortement conseillé) une crème ou une lotion fluide qui sera à appliquer sur les zones extérieurs  du vagin, c’est-à-dire la peau et les muqueuses externes.

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  • Afin d'aider à protéger la flore vaginale, on peut également utiliser des compléments alimentaires spécialement adaptés à base de probiotiques ou de cranberry

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  • Il existe également des tampons à base de probiotiques. Ils contribuent à réduire les démangeaisons et irritations, protéger le vagin des déséquilibres bactériens, restaurer la flore naturelle et également améliorer la guérison (en complément d'un traitement anti-infectueux). 

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N’oubliez pas que les mycoses se partagent par contact sexuel et donc pour éviter au maximum les récidives, le(s) partenaire(s) devra être traité, en particulier si il observe des signes de mycoses (souvent des éruptions blanchâtres et des démangeaisons intenses) sur son pénis.

Il est important de savoir qu’au-delà de l’inconfort qu’elles procurent, les mycoses vaginales n'entrainent pas de complications sévères mais si on constate des récidives très fréquentes, alors un traitement sur du long terme pourra être envisagé mais uniquement avec une consultation médicale. 

Il faut aussi savoir dans certains cas d’infection très importante, des femmes peuvent éprouver un malaise extrême lors de ces mycoses vaginales  (douleurs intenses, démangeaisons incontrôlables et malaise vagale) mais ces infections vaginales n’entrainent pas d’autres problèmes de santé que la gêne locale ressentie.

Mycoses vaginales : comment les reconnaitre ?

Démangeaisons et sensations de brûlure dans la zone intime, sécrétions blanchâtres à grumeleuses (on parle alors de pertes blanches épaisses), douleurs en urinant ou pendant les rapports sexuels, rougeurs et/ou gonflement des tissus (avec un aspect très rouge luisant) dans la zone intime... Ces symptômes sont les plus fréquents et rendent le quotidien de la femme invivable car les douleurs et démangeaisons peuvent être intenses.

Mycoses vaginales : quelles sont les causes ?

 

Une mycose vaginale c’est quoi ?

En vérité, les mycoses vaginales sont des infections de la vulve, des organes génitaux externes et du vagin, que l’on peut attribuer à un champignon microscopique qui est une levure et qu’on appelle Candida. C’est le plus souvent Candida albicans qui est responsable de la pathologie et il est capable d'affecter n'importe quelle partie de l'organisme : bouche, pharynx, œsophage, peau, intestin, mais le plus souvent le vagin. 

Attention cependant, car d’autres champignons (comme Candida glabrata, Candida tropicalis) peuvent être retrouvés et comme ces champignons n’ont pas la même sensibilité aux traitements. Il est important, en cas de récidives, de consulter son médecin ou de demander conseil au pharmacien. 

Nous hébergeons tous Candida albicans au niveau de la bouche, de l’œsophage, du  tube digestif et des voies génitales. Cependant, la plupart du temps, il ne provoque pas de troubles et participe même à l’équilibre de la flore vaginale. 

Les causes d'une mycose vaginale

L'origine du développement d’une mycose est complexe. Les femmes sont encore nombreuses à croire les rumeurs prétendant que la mycose est causée par un défaut d'hygiène ou que l'infection se transmet par des toilettes souillées. En fait, pour un tiers des femmes, la contamination est externe, par contact sexuel ou avec un objet infecté. Mais pour les deux-tiers restants, elle est spontanée et résulte d'une modification de l'équilibre naturel de la flore vaginale qui à l’équilibre repose sur une interaction complexe entre bactéries, champignons et autres organismes normalement inoffensifs. C’est la fameuse flore vaginale. Dans celle-ci se trouvent des « bonnes bactéries », appelées lactobacilles ou encore bactéries lactiques dont le rôle est de maintenir un milieu acide dans le vagin (pH d’environ 4). Ainsi, la présence de ces bonnes bactéries et le pH acide empêche la prolifération incontrôlée des champignons. Mais si ce fragile équilibre naturel est rompu, l'un de ces hôtes se multiplie de manière incontrôlée et crée une infection. C’est ce qui se produit avec Candida albicans.

Comment attrape-t-on une mycose génitale?

Pourquoi ces micro-organismes présents au quotidien dans notre organisme et habituellement inoffensifs se rebellent-ils soudain ?

Comme explication à cet emballement de nos micro-organismes, on peut avancer comme hypothèse que cette perturbation du fragile équilibre de la flore vaginale peut être due à de nombreuses raisons et qu’elle est même le plus souvent multifactorielle :

  • Tous les changements hormonaux : prise de la pilule contraceptive, cycle menstruel, ménopause, grossesse ou passage brusque dans une autre zone climatique, dysfonctionnement thyroïdien

  • Diabète

  • Prise de médicaments et notamment d’antibiotiques qui affectent les défenses immunitaires de l’organisme et perturbent la flore intestinale.

  • Hygiène intime exagérée et/ou utilisation de produits d’hygiène inadaptés : savons alcalins ou trop acides, parfumés, produits de bain ou désodorisants intimes qui peuvent agresser la flore protectrice naturelle et entrainer la prolifération des levures. Jamais de douche vaginale car l’excès de lavage est néfaste pour le milieu vaginal naturel.

  • Consommation excessive de sucre et de boissons sucrées.

  • Facteurs comportementaux : rapports oraux-génitaux, rapports sexuels fréquents et intenses pouvant entrainer des micro-lésions de la paroi vaginale.

  • Agression de la muqueuse vaginale par le chlore des piscines.

  • Infection type gastro-entérite au préalable qui perturbe alors la flore intestinale et vaginale.

  • Infection par le VIH

  • Mais aussi encore plein de causes inconnues

 

Mycoses vaginales : comment faire alors ?

Le mot d’ordre est : éviter la prolifération des champignons ! Pour prévenir toute mycose vaginale, il est fortement recommandé de porter des sous-vêtements en coton et des vêtements pas trop serrés (ce qui n’est pas facilité par la mode des pantalons slim !).

En effet, cela stimule les échanges thermiques et la circulation de l'air sur la peau alors que le linge en fibre synthétique et les vêtements serrés provoquent en revanche un climat chaud et humide qui est idéal pour la prolifération des champignons. Il est recommandé de changer de sous-vêtements tous les jours et de les laver à au moins 60 degrés. Les textiles délicats se lavent à 20 degrés avec un additif de lavage spécial (en vente dans les pharmacies ou drogueries).

Les hommes aussi peuvent souffrir d’une mycose et donc le (ou les) partenaire(s) de la femme souffrant d’une mycose doivent être également traités, sinon il y a un risque très important de récidive chez l’un et l’autre des partenaires.

Mycoses vaginales : pourquoi des récidives ?

A peine le traitement terminé et un certain confort retrouvé, catastrophe : la mycose vaginale récidive ! Pourquoi ? Les récidives sont très fréquentes et c'est le plus gros problème de ces mycoses vaginales car 1 mycose sur 2 va récidiver ! (entre 30 et 50% des mycoses récidivent selon les différentes études). Comment prévenir ce risque ? Tout simplement en suivant ces quelques conseils et règles hygiéno-diététiques :

  • Porter des sous-vêtements en coton (à la place de sous-vêtements en synthétique), lavables à 60°C car seule une température de lavage élevée permet de d’éliminer les champignons de type Candida albicans.

  • De la même manière, il est conseillé de ne pas porter des vêtements trop serrés au niveau du bassin et des fesses afin de favoriser une circulation libre de l’air et éviter la macération.

  • Lors de la toilette intime et au quotidien, ne pas réaliser de bains désinfectants, de douches vaginales, et bannir l’utilisation de savons parfumés et autres sprays à usage intime. Il est fortement conseillé d’utiliser un produit d’hygiène intime adapté, c’est à dire très doux, plutôt de pH alcalin (basique) pour aider à maintenir et à  restaurer la flore vaginale le plus rapidement possible.

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  • L’utilisation de lubrifiants lors des rapports sexuels permet de diminuer le risque de lésions mécaniques de la paroi vaginale et donc diminue le risque d’une prolifération anormale de micro-organismes au niveau de ces zones.

  • Lors de la pratique de la natation (en piscine ou eau de mer) il est conseillé de se rincer à l’eau claire le plus rapidement possible et de ne pas garder un maillot de bain humide.

  • De la même manière que pour la prévention des cystites (infections urinaires), il est conseillé de s’essuyer et de se nettoyer d’avant en arrière pour éviter de ramener des germes vers la partie vaginale. 

  • Les tampons hygiéniques sont des facteurs de risque de développement des mycoses, on pourra donc leur préférer des serviettes hygiénique (changées très régulièrement)

  • Attention enfin à votre alimentation ! Le sucre est un des aliments préférés des champignons qui peuvent se nourrir d’un excès de glucose sanguin et se développer grâce à cet excès de sucres. Le mot d’ordre est donc « pas de sucreries en excès » !

  • Dans les recommandations alimentaires contre les récidives, certaines molécules ont fait leur preuve : il s’agit des probiotiques, ces produits sont composés de bactéries ou même de champignons mais dits « protecteurs ». Ce sont la plupart du temps des lactobacilles vivants dont le rôle est de rétablir la flore vaginale en permanence et donc de prévenir les récidives des mycoses vaginales.

  • Si vous avez des pertes blanches associées à vos symptômes c’est que vous êtes probablement en train de faire une candidose (ou mycose) vaginale.

  • Si c’est la première fois que cela vous arrive, placez un ovule monodose au fond du vagin le soir. Il va avoir une action pendant 3 jours et surtout utilisez bien en même temps que le traitement et ensuite si possible au quotidien un produit adapté pour l’hygiène intime.

  • Si cela vous démange aussi à l’extérieur du vagin, appliquez une crème antifongique sur les muqueuses extérieures.

  • Des probiotiques peut être proposé pour éviter les récidives et réensemencer correctement la flore commensale vaginale.

  • Faire le point sur la présence d’un éventuel facteur de risqueTraitement antibiotique, changement de contraception avec des oestrogènes, présence d’un stérilet (les levures adhèrent au dispositif), grossesse, post partum, ménopause, rapports sexuels importants avec ou sans microtraumatismes, défaut ou excès d’hygiène, utilisation de produits non adaptés, de douches vaginales, acidité vaginale naturelle, médicaments, stress ou autres pathologies variées

  • En cas d’échec à un premier traitement ou encore suite à une extension des lésions initiales ou en cas de récidives au-delà de 4 fois dans une année, il est impératif d’adresser la patiente à son médecin traitant.