Comment reconnaître et prévenir le syndrome du côlon irritable ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 14/09/2017

jeune fille atteinte de douleurs abdominales

Douleurs abdominales, ballonnements, troubles du transit… peut-être souffrez-vous du syndrome du côlon irritable ? Aussi appelée colopathie fonctionnelle, cette maladie bénigne très fréquente concerne 20 % de la population des pays occidentaux, soit une personne sur 5. Les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes par cette pathologie.

Quels sont les symptômes et les aliments à éviter en cas d’irritation du colon ? Pourquoi l’intestin devient-il irritable et comment soulager une crise ? Suivez les explications et conseils de votre pharmacien conseil DocMorris, afin d’en savoir davantage et apprendre à prévenir le syndrome du côlon irritable. 

Quels sont les symptômes du syndrome du côlon irritable ?

La colopathie fonctionnelle ou syndrome du côlon irritable est une hypersensibilité du colon, qui provoque une anomalie de fonctionnement du tube digestif. Cependant, ce syndrome n’altère pas la structure de la muqueuse intestinale, ne crée pas de phénomène inflammatoire et n’augmente pas le risque de souffrir d’un cancer colorectal. C’est pourquoi, le syndrome de l’intestin irritable (SII) est considéré comme un trouble fonctionnel plutôt que comme une maladie à la différence, par exemple, de la colite ulcéreuse ou de la maladie de Crohn.

Les différents symptômes constatés du SII sont généralement associés entre eux et la douleur abdominale accompagnée de spasmes ou de crampes est le signe le plus décrit. D’autres symptômes peuvent également survenir, notamment après les repas tels que :  

  • des douleurs et des crampes au ventre qui disparaissent souvent avec l’évacuation de gaz ou de selles.

  • de la constipation ou de la diarrhée, parfois en alternance.

  • des ballonnements et des flatulences.

  • une « activité intestinale » bruyante (borborygmes).

  • un besoin parfois urgent d’aller à la selle.

  • une sensation d’évacuation incomplète des selles.

  • du mucus dans les selles.  

En cas de sang dans les selles, de fièvre, de perte de poids importante ou de diarrhée incontrôlable (surtout si elle survient aussi la nuit), une consultation médicale s’impose.

Pourquoi l'intestin devient-il irritable ? 

Il existe principalement 4 raisons évoquées pour expliquer la présence de cette irritation du colon dans la colopathie fonctionnelle.

  • Raison alimentaire 

Certains repas sont susceptibles de compliquer la digestion et de déclencher une crise avec irritation du colon. La consommation de certaines denrées pourrait donc être à l’origine d’une crise de colopathie. On peut citer notamment les aliments contenant une grande quantité de matières grasses, les laitages, le chocolat, le café, l’alcool, les légumineuses, les crudités ou encore les fromages à pâte fermentée.

  • Raison psychologique  

La moitié des personnes qui souffrent de colopathie fonctionnelle se décrivent comme étant stressées. Rattachant les crises de colopathie à des périodes de fatigue ou de stress intense, il semblerait que le repos et les périodes de vacances réduisent la fréquence et l’intensité des crises.

Comment expliquer ce lien de cause à effet ? Le côlon irritable étant probablement lié à une altération de la communication entre le cerveau (qui émet des signaux de stress) et les intestins, le stress et l’anxiété pourraient alors entraîner une modification du transit intestinal avec une aggravation des spasmes, constipation et/ou diarrhée. Il est donc important d’apprendre à gérer et à maîtriser son stress, afin d’atténuer les crises de colopathie douloureuses.

  • Raison hormonale

Le syndrome du côlon irritable touchant beaucoup plus fréquemment les femmes que les hommes, le rôle des hormones féminines a été évoqué sans qu’il n’y ait actuellement de véritable preuve de leur implication. Cependant, certains chercheurs pensent que les changements hormonaux jouent un rôle, les malaises s’aggravant dans de nombreux cas, durant les menstruations.

  • Raison post-infection  

Selon certaines données, jusqu’à 25 % des cas de syndrome de l’intestin irritable surviennent après une infection gastro-intestinale. L’hypothèse d’un déséquilibre de la flore intestinale est donc aussi avancée. 

Comment soulager le syndrome du côlon irritable ? 

Dans un premier temps, il est possible d’identifier quels aliments sont les plus susceptibles de provoquer une crise, grâce à la tenue d’un journal alimentaire. Le plus souvent, ces aliments font partie de la famille des légumes secs, des choux ou encore des crudités, voire le pain (gluten) et le lait à cause de la présence de lactose.

Augmentez votre consommation en fibres alimentaires est un excellent réflexe pour lutter contre la constipation et la diarrhée, que ce soit par le biais de votre alimentation ou la prise de compléments alimentaires. Une supplémentation en psyllium est notamment recommandée en raison de ses effets secondaires moindres.

Les douleurs générées par le syndrome du côlon irritable peuvent être réduites et la durée de la crise diminuée par la prise d’antispasmodiques, plus particulièrement ceux à base de diméticone seule ou associée à de la silice (la siméticone). Ils ont pour effet d'empêcher la formation de bulles et permettent donc de faciliter l'évacuation des gaz intestinaux en limitant les poches de gaz au sein de l'intestin, dont le passage au cours du transit peut être douloureux.

L’utilisation du charbon végétal ou encore du kaolin est également bénéfique. Tous deux agissent en absorbant l’eau et en augmentant le volume et la consistance des selles.

Sachez également que l’huile essentielle de menthe poivrée possède des vertus antispasmodiques et peut être prise par voie orale chez l’adulte, à raison d’1 à 2 gouttes, 1 à 3 fois maximum par jour, sur une période de 3 semaines. On peut ensuite faire une pause de 3 semaines et reprendre si les symptômes le justifient. Dans tous les cas, demandez toujours l'avis personnalisé d'un professionnel de santé avant toute prise d'huiles essentielles pour un usage adapté et sans risque.

Enfin, la connaissance de la flore intestinale et de son rôle lorsqu’elle est perturbée en cas de syndrome du côlon irritable, a permis de mieux soigner les patients, grâce notamment à l’utilisation des probiotiques. Loin d’être un effet de mode, ils sont constitués de bactéries jouant un rôle dans la digestion et dans le bon fonctionnement général du tube digestif. Découvrez tous les bienfaits des probiotiques et comment bien les choisir.

Quels sont les aliments à éviter en cas de syndrome du côlon irritable ? 

  • Les intolérances alimentaires

Certains aliments comme les choux (chou vert, brocoli, chou de Bruxelles), les légumes secs (pois, lentilles, haricots secs, flageolets) ou les crudités peuvent faire consensus dans l’apparition des crises de syndrome du côlon irritable. Les intolérances varient selon les individus.Les fibres insolubles comme les céréales complètes, les fruits et légumes à peau comestible (tomate, courgette, poivron, radis, salade, céleri, ail, oignon, échalote) agressent particulièrement les intestins. Aussi, il est conseillé d’éplucher les fruits tels que la pomme qui contient de la pectine, une fibre soluble, mais dont la peau est insoluble.Certaines personnes seront particulièrement sensibles aux aliments qui contiennent du lait, du lactose ou ceux riches en matière grasse

  • Les FODMAPS 

Le colon irritable est aussi souvent associé à une absorption du fructose et du sorbitol qui accentue l’irritation de l’intestin et en exacerbe les troubles. Ces deux sucres fermentescibles sont appelés FODMAPS, signifiant « Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides And Polyols ». Peu adsorbés au niveau de l’intestin où ils vont fermenter sous l’action des bactéries, cette fermentation entraîne des symptômes digestifs, tels que la production de gaz et d’acides gras volatils. Malheureusement, ces sucres sont de plus en plus présents dans l’industrie agroalimentaire. 
 
Pour en modérer les apports, privilégiez les fruits les plus pauvres en fructose (pêche, mûre, myrtille, groseille, framboise, fraise, orange, clémentine, kiwi, banane, pamplemousse, melon et ananas). Consommez du riz complet, du millet et du quinoa et n’oubliez pas, dans tous les cas, de boire beaucoup d’eau.

Limitez le miel, les fruits secs, les sauces tomate concentrées, les mayonnaises, les yaourts aux fruits, les crèmes desserts, les glaces et les sorbets. Réduisez également le gluten (même si vous n’êtes pas intolérant). Il en sera de même pour les produits diététiques qui utilisent du sorbitol comme édulcorant, les boissons gazeuses, les bonbons et les chewing-gums.

Essayez de manger doucement, au moins pendant 20 minutes, et de mâcher les aliments correctement afin d’en faciliter la digestion. En effet, le fait de manger et de boire trop rapidement, de fumer, de consommer trop de chewing-gums et de boissons gazeuses, augmente les flatulences et les éructations, signes de complication digestive.

Bien que n’étant pas considéré comme une maladie, le syndrome du côlon irritable peut entraîner douleur, diarrhée et constipation devenant parfois très embarrassantes. Il peut notamment gêner sérieusement les activités professionnelles et sociales de ceux qui en souffrent, appauvrir leur qualité de vie, voire provoquer anxiété et dépression.

Une alimentation riche en fibres solubles et pauvre en Fodmaps, une hydratation adéquate et une bonne gestion du stress sont autant de pratiques pouvant venir soulager les crises. Toutefois, si les malaises sont nouveaux, très incommodants ou inquiétants, il convient de consulter un médecin ou d’en parler à votre pharmacien, des symptômes similaires pouvant dissimuler d’autres problèmes de santé.