Sida : comment dépister le VIH ?

Écrit par Sandrine Nail-Billaud le 08/06/2018

test de dépistage du VIH

Réclamé depuis longtemps par les associations et les médecins, promis et autorisé par la ministre de la santé en décembre 2014 pour cet été, c’est finalement le 15 septembre 2015 que devrait être disponible en pharmacie le tout premier AUTOTEST pour le diagnostic VIH. Le VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine est un virus pouvant provoquer le SIDA (Syndrome ImmunoDéficitaire Acquis) et son dépistage est primordial ! Grâce à ce kit de dépistage, une simple goutte de sang suffit pour savoir en 15 minutes si on est porteur ou non des anticorps contre le VIH. Alors comment faire en pratique ? Docmorris vous propose un système de questions-réponses sur le sujet !


Pourquoi faire un test de dépistage du VIH ?

Faire un test est le seul moyen de savoir si on est infecté par le VIH ou non. En cas de résultat positif, le dépistage permet à la personne d’être prise en charge très vite et de bénéficier d’un traitement précoce lui permettant d’avoir une espérance de vie proche de la population générale.

Plusieurs techniques de laboratoire existent pour réaliser la recherche d’anticorps signant la présence du virus dans l’organisme :

  •  Une technique ELISA dite de 4ème génération qui est la technique qui se réalise au laboratoire recherchant alors les anticorps anti-virus VIH. Son interprétation se fait sous réserve que la personne n’ait pas pris de risques dans les 6 dernières semaines avant l’examen.
  •  Des tests TROD : Tests de dépistage Rapide à Orientation Diagnostique qui se font également au laboratoire et pour lesquels l’interprétation se fait sous réserve que la personne n’ait pas pris de risques dans les 3 derniers mois avant le test.
  • Les autotests de dépistage du VIH : ils sont appelés ADVIH et se font à domicile par le patient lui-même avec une interprétation réalisable par lui-même sous réserve que le patient n’ait pas pris de risques dans les 3 derniers mois avant le test.

 

Un petit rappel sur la transmission et prévention du VIH :

  •  Le VIH se transmet par les liquides corporels : le sang, le sperme, les sécrétions vaginales et le lait maternel. Ces fluides ne transmettent le VIH que s’ils sont au contact d’une zone qui laisse entrer le virus comme une muqueuse ou une peau abimée. La peau saine est imperméable au VIH.
  •  Le plus souvent le virus est contracté au cours d’activités sexuelles non protégées ou encore par l’échange de seringues chez les utilisateurs de drogues injectables.
  •  Le préservatif masculin est le seul moyen efficace à l’heure actuelle pour se protéger du VIH et éviter les risques de transmission lors de rapports sexuels, que ce soit du virus du sida ou d’autres maladies sexuellement transmissibles. Il est donc important de rappeler que le préservatif reste le moyen le plus fiable pour se prémunir du virus lors de l’acte sexuel, à une époque où le VIH continue à se propager de manière presque silencieuse.
  •  En France, ce sont 6 500 nouveaux cas chaque année qui sont diagnostiqués et on considère que 7 à 8000 nouvelles personnes se contaminent au total chaque année mais elles ne sont pas toutes dépistées. La population d’hommes jeunes homosexuels et d’utilisateurs de drogues injectables reste la plus touchée mais c’est surtout chez les jeunes adultes de moins de 34 ans hétérosexuels (femmes) et plus de 35 ans (hommes) que la fréquence de contamination augmente au cours de ces dernières années (source INVS). 
  •  Le risque d’échange par des baisers avec échange de salive est nul et le VIH ne se transmet pas par une poignée de main, par la sueur ou les larmes. Il n’est pas véhiculé par les insectes, ni sur les sièges des toilettes, ni dans les piscines publiques. Il n’est pas possible de se contaminer en partageant de la nourriture, en utilisant le linge, les serviettes ou le téléphone d’une personne infectée. Seuls les objets potentiellement au contact du sang peuvent être source de transmission (brosse à dents, rasoir, lime, seringues, matériel injectable…).
  •  Toute personne pensant avoir été exposée à un risque d’infection par le VIH devrait faire un test de dépistage. Cependant, certaines catégories de personne sont plus à risque d’être exposées au VIH, soit car elles sont originaires d’une région à prévalence élevée, soit en raison de pratiques à risque d’infection.

 

Il s’agit :
- D’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
- De personnes hétérosexuelles ayant eu un ou plusieurs partenaires sexuel au cours de 12 derniers mois.
- Des utilisateurs de drogues injectables.
- Des personnes originaires d’une zone de haute prévalence : Afrique sub-saharienne et caraïbes.
- Des personnes dont le partenaire sexuel est infecté par le VIH.

Un test de dépistage est systématiquement proposé dans un certain nombre de circonstances particulières :
- Suspicion ou diagnostic d’infections sexuellement transmissibles ou d’hépatite B ou C.
- Suspicion ou diagnostic de la tuberculose.
- Projet de grossesse.
- Interruption volontaire de grossesse.
- Première prescription d’une contraception.
- Viol.
- En cours d’incarcération.

 

Où faire un test de dépistage du VIH ?

En France, les tests de dépistage de l’infection par le VIH peuvent se faire dans différentes structures :

  • Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) : avec des tests ELISA 4ème génération et TROD.
  • En laboratoires publics ou privés : avec des tests ELISA 4ème génération et TROD.
  • Avec une ordonnance de son médecin traitant dans un laboratoire public ou privé.
  • Dans les centres de soins des infections sexuellement transmissibles et dans les structures de soins offrant des soins aux plus démunis : avec des tests ELISA 4ème génération et TROD.
  • Chez soi, grâce à l’utilisation d’un autotest qui doit porter obligatoirement le marquage CE.

 

Combien coute un test de dépistage ?

Au laboratoire et sur prescription médicale, l’examen est pris en charge à 100% par l’assurance maladie et il est effectué gratuitement dans les CDAG et autres centres de soins publics.
Sans ordonnance, il est possible de faire un test dans un laboratoire et le tarif non remboursé de cette analyse est alors de 14.04 euros.

Les autotests pour le dépistage du VIH seront en vente libre, non remboursés par l’assurance maladie au prix moyen de 25 euros.

 

Un autotest pour le VIH : qu’est-ce que c’est ?  

Un autotest permet de réaliser chez soi un test de dépistage pour une pathologie (test de glycémie pour le diabète, bandelette urinaire..) ou un état physiologique (test de grossesse, test d’ovulation…) et on les appelle généralement des TROD : Tests de dépistage Rapide à Orientation Diagnostique.

Certains doivent être fait par un professionnel de santé et d’autres peuvent être fait par le patient lui-même. Un autotest de dépistage pour le VIH est réclamé depuis longtemps par des associations de patients ou encore par les médecins puisque en France 150 000 personnes sont séropositives (elles possèdent des anticorps dirigés contre le VIH et sont donc contaminées par ce virus) mais parmi ces 150 000 personnes, 28 000 personnes ne le savent pas et ne sont pas dépistées.

Or un dépistage précoce permet une prise en charge thérapeutique très efficace et plus le traitement est initié tôt et plus l’espérance de vie se rapproche de celle de la population générale et plus le risque de transmission au(x) partenaire(s) diminue. 

Ces autotests de dépistage de l’infection par le VIH (ADVIH) sont donc des tests de dépistage rapide pour lesquels le prélèvement et l’interprétation du résultat sont réalisés directement par l’intéressé. Ils ne nécessitent pas de matériel spécifique autre que celui qui est fourni dans la boite de test. Ce test se réalise sur une goutte de sang par piqûre au bout du doigt ou, si le test le précise sur de la salive.

Ces tests permettent de détecter des anticorps qui apparaissent après une contamination par le virus de l’immunodéficience humaine et donc signe la présence du VIH dans l’organisme. Mais les infections datant de MOINS de 3 mois ne pourront pas être détectées par cette technique. La technique est une technique d’immunochromatographie qui se traduit par l’apparition d’une bande colorée simple ou double. Tout résultat positif devra être confirmé par un test au laboratoire reposant sur les techniques d’ELISA 4ème génération.

 

Quelle est la fiabilité des autotests de dépistage du VIH ?

Aucun autotest, même ceux ayant le marquage CE, n’est fiable à 100%. Des résultats faux positifs (résultat positif pour des individus non contaminés) ou faux négatif (résultat négatif mais la personne est contaminée) sont possibles. Il est important de respecter les conditions de conservation et d’utilisation du test décrites par le fabricant. Ces tests ne peuvent détecter une infection de moins de 3 mois et ceux réalisés sur la salive sont moins sensibles que les autotests réalisés sur une goutte de sang. 

 

Où se procurer un autotest de dépistage du VIH et à quel prix ?

La vente des autotests de dépistage du VIH est réservée aux pharmaciens dans les officines ou sur les sites internet de ces pharmacies. Attention : certains sites internet non adossés à une pharmacie française proposent des autotests n’ayant pas fait la preuve de leur performance avec ou sans un marquage CE. Les autotests ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie et le prix moyen annoncé pour leur sortie en mi-septembre 2015 est d’environ 25 euros.

 

A partir de quel âge est-il possible de faire un autotest de dépistage du VIH ?

Une personne mineure peut faire un autotest de dépistage VIH sans l’accord parental et alors l’information donnée doit être adaptée à la maturité du mineur. Les autotests ne doivent pas être utilisés chez l’enfant de moins de 18 mois à cause de l’immaturité des anticorps ou du transfert passif possible des anticorps de la mère si la maman est elle-même infectée.

 

Un autotest pour le VIH : est-ce compliqué à faire tout seul ?

Il n’est pas nécessaire d’être à jeun pour faire ce test et il est très simple à effectuer. Cependant, l’autotest de dépistage du VIH n’est pas un acte anodin et sa réalisation nécessite que le patient soit bien informé afin que son choix de le faire soit libre et autonome. Personne ne doit être forcé à faire cet autotest et tout test médical nécessite le consentement libre et éclairé de l’individu à tester. Il faut également pouvoir gérer le résultat obtenu et connaitre les structures vers lesquelles se tourner en cas de questions et/ou d’un besoin de soutien psychologique.

La réalisation technique n’est pas compliquée et lors de la réaction une bande colorée contrôle doit apparaitre. Si cela n’est pas le cas c’est que le test a été mal réalisé ou qu’il était non fonctionnel et il faudra alors le refaire. La lecture du test se fait au bout de 20-30 minutes et au-delà de cette période le résultat n’est plus fiable. L’obtention de la goutte de sang est NON douloureuse et se fait avec une petite lancette automatique au bout du doigt qui se rétracte immédiatement et qui provoque l’apparition d’une petite goutte de sang pour réaliser le test.

 

Comment interpréter le résultat de l’autotest du VIH ?

Compte tenu de la fiabilité des autotests, un résultat positif ne veut pas nécessairement dire que la personne est infectée par le VIH. out test positif doit être confirmé par un test ELISA 4ème génération effectué au laboratoire et il est alors conseillé au patient de se munir du test effectué à domicile pour la réalisation du test de confirmation. C’est le pharmacien qui pourra orienter la personne en cas de test positif vers la structure la plus adaptée.

Si le résultat est négatif en l’absence de comportement à risque dans les 3 derniers mois alors l’utilisateur n’est pas infecté. Si une prise de risque a eu lieu dans les 3 derniers mois alors il faut que l’utilisateur fasse un test en laboratoire avec les techniques ELISA 4ème génération pour laquelle le recul est alors sur 6 semaines. Attention : un test négatif ne signifie pas que le partenaire sexuel de la personne testée est séronégative pour le VIH. Pour toute question, il est très important de contacter un pharmacien ou son médecin pour être orienté vers des structures adaptées.

L’autotest de dépistage du VIH ne permet pas de dépister d’autres infections sexuellement transmissibles, ni les hépatites B et C.

 

Si je suis perdu(e) dans l’utilisation et/ou le résultat de l’autotest, qui contacter ?

Un service d’assistance téléphonique existe :
SIDA INFO SERVICE : 0 800 840 800 : appel anonyme et gratuit qui donne des informations sur le VIH et les autotests 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Il est également possible de s’adresser à son pharmacien ou à une association de lutte contre le sida.
Sur le site www.sida-info-service.org, toute la liste des structures auxquelles s’adresser sont répertoriées par régions et départements.

 

Que faire de l’autotest VIH utilisé ?

Le kit contenant l'autotest de dépistage du sida ne peut être utilisé qu’une fois par un seul individu. Il n’est pas possible de s’en servir plusieurs fois et pour plusieurs personnes. Il est important de mettre l’autotest dans le sachet prévu à cet effet et fourni dans le kit.

S’il s’agit d’un autotest sanguin, il ne doit pas être jeté dans la poubelle avec les autres déchets ménagers mais doit être rapporté à un point de collecte.

S’il s’agit d’un autotest sur la salive, il peut être jeté à la poubelle avec les autres déchets ménagers. Les autotests sanguins possèdent une lancette rétractable et, en respectant les règles d’hygiène et sécurité de la notice, le risque de contamination d’une tierce personne est quasi nul. Il peut cependant exister un risque minime de contamination si la personne testée est effectivement séropositive pour le VIH et si une tierce personne manipulant l’autotest utilisé se blesse et met en contact sa blessure avec l’autotest.

Ainsi, si l’autotest de dépistage du VIH reste une révolution dans la prise en charge du dépistage du VIH, il ne faut pas oublier que c’est un outil complémentaire au dépistage actuel et il ne doit pas s’y substituer.

L’autotest doit résulter d’un choix libre, éclairé et autonome de l’intéressé et personne ne doit être forcé à le réaliser. L’accompagnement de la réalisation de cet autotest par du personnel de santé est très fortement conseillé : problème technique de réalisation, de lecture, d’interprétation, gestion du résultat positif ou négatif et il est indispensable que tout utilisateur de cet autotest puisse s’adresser au pharmacien de son choix. Tous les pharmaciens d’officine auront reçu une formation pour l’utilisation de ce test et seront compétents pour répondre à toutes les questions.

Ne pas oublier que la meilleure prévention contre le VIH c’est l’utilisation en systématique de préservatifs pour toute relation sexuelle.